Qualité de l’air intérieur et Covid 19 : quels enseignements pour le futur ?

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Après deux ans de pandémie et de gestes barrières, une forme de vie normale semble avoir repris en Europe au printemps 2022. En France, les protocoles se sont allégés. Le télétravail n’est plus une obligation. Il répond désormais plutôt à une demande sociétale des salariés pour un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

Alors que les rapports successifs du GIEC alertent sur les risques climatiques croissants, dont l’aggravation de pollution de l’air extérieur est l’une des conséquences, la qualité de l’air intérieur (QAI), sujet jusqu’ici souvent négligé, s’est imposée dans la période comme l’un des enjeux centraux pour mieux appréhender la transmission du Covid-19, essentiellement de nature aéroportée.

Mesure du CO2, aération et ventilation, purificateur d’air professionnel en soutien, partage de l’information dans les entreprises et les ERP pour rassurer… les mesures de premier niveau se sont progressivement imposées. Signe de la prise de conscience mondiale, l’administration américaine a annoncé le 18 mars dernier un programme pour « un air intérieur sain » dans les immeubles et tous les établissements d’enseignement aux Etats-Unis.

Le 17 mars 2022, la France a fêté le 2e anniversaire du premier confinement : le jour de la bascule effective du pays dans le Covid-19.

De l’avis des spécialistes, le monde n’en a toujours pas fini avec le virus SARS CoV 2 (la Chine s’est à nouveau en partie refermée au printemps), cela même si le risque pandémique semble décroître au fil du temps, des variants Omicron et BA2 (plus contaminants mais moins dangereux), de la vaccination généralisée et de l’acquisition d’une immunité collective.

Le monde vit les effets de la pandémie de la Covid-19 depuis déjà plus de deux ans
Le monde vit les effets de la pandémie de la Covid-19 depuis déjà plus de deux ans

Lors d’une conférence de presse, organisée le 22 mars dernier, le directeur de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) en Europe, Hans Kluge, s’est ainsi déclaré « vigilant » quant à l’évolution de l’épidémie sur le vieux Continent, tout en restant « optimiste » dans la durée.

Au-delà du maintien ad vitam des gestes barrières, qui ne semble pas une solution tenable au regard des contraintes sociales qu’ils imposent, quels sont les enseignements et les enjeux de l’ère post-Covid qui s’ouvre ? Comment s’adapter ?

Prendre en compte et améliorer la surveillance de la qualité de l’air intérieur

Pour l’épidémiologiste Antoine Flahaut, interviewé par le quotidien Le Monde (10/03/22), l’optimisation de la QAI dans les espaces clos, « lieux de la majorité des contaminations » est stratégique. « Si l’on veut sortir de cette épidémie, la première des choses à faire est de rendre à l’intérieur la qualité micro-biologique de l’extérieur », explique-t-il.

Propos qu’il confirme et précise dans un autre entretien au site Atlantico : « Le grand chantier qui ne s’est toujours pas ouvert en Europe est celui de l’amélioration de la qualité de l’air intérieur. Nous pouvons [ainsi] nous équiper d’un capteur de CO2 portable. Au bureau si c’est un espace partagé, une concentration de CO2 supérieure à 800 ppm devra conduire à aérer la pièce, ouvrir les fenêtres et les portes. »

Les capteurs de CO2 permettent de mesurer la taux de dioxyde de carbone dans l'air
Les capteurs CO2 permettent de mesurer et afficher le taux de dioxyde de carbone dans une pièce

La mesure du taux de dioxyde de carbone d’une pièce pour en déterminer le taux de confinement est désormais considérée comme l’une des précautions élémentaires.

Un détecteur de CO2 est un véritable indicateur de taux de confinement. Par extension, il permet d’apprécier le risque de contagion.

QAI et coronavirus, capteurs de qualité de l’air et bonnes pratiques au travail

L’Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) a ainsi récemment publié (mars 2022) un article de dix pages dans son trimestriel Hygiène et sécurité au travail, intitulé « Mesure en temps réel du dioxyde de carbone dans les espaces de travail ».

Signé par Karine Gérardin et Bruno Galland (département ingénierie des procédés), il rappelle d’abord les recommandations gouvernementales relatives à l’aération et à la ventilation.

Dans les bureaux, le port du masque n'est plus obligatoire depuis mars
Dans les bureaux, le port du masque et le recours au télétravail ne sont plus obligatoires

Il précise bien que l’évaluation de la concentration en CO2 n’est pas un indicateur de suivi de la qualité sanitaire d’un local mais un indicateur de celle du renouvellement de l’air.

En ce sens, on ne peut pas stricto sensu parler de détecteur CO2 Covid ou de capteur CO2 Covid.

Très complet, technique et didactique, ce document pose le cadre de cette mesure avec deux entrées possibles :

  • Qualification et surveillance QAI
  • Qualification d’une potentielle exposition professionnelle

Il soumet une check-list avant de s’équiper d’un matériel de détection :

  • Quel est l’objectif de la mesure ?
  • Quelle technologie utiliser (en recommandant un modèle à capteurs infrarouges) ?
  • Quelles performances minimales du détecteur ?
  • Comment vérifier cet appareil ?
  • Comment l’utiliser de façon efficace ?

Pour aller plus loin, deux outils de calcul en ligne sont disponibles :

De la mesure du taux de CO2 au suivi des débits d’air neuf et à l’apport d’un purificateur d’air filtre HEPA

Les personnes allergiques ou asthmatiques sont plus sensibles à la qualité de l'air
Les personnes allergiques ou asthmatiques sont plus sensibles à la qualité de l’air

L’un des enseignements des deux dernières années est que la pollution de l’air au sens large est devenue un sujet d’intérêt général et de santé publique. Avant cette longue séquence, les personnes s’intéressant en priorité à la bonne circulation de l’air dans une pièce étaient celles souffrant d’allergies (pollens), de problèmes respiratoires. La mesure systématique (pollution particules fines PM 2.5 et PM 10, émissions de COV) présents dans l’air et du CO2 n’était pas une pratique usuelle.

Désormais, le sujet est aussi entré dans les entreprises au-delà de celles s’inscrivant dans la catégorie “à pollution spécifique“, classement qui pose d’ailleurs aujourd’hui question, tous les bâtiments étant sujets à la pollution de l’air. Jusque dans secteur le tertiaire, depuis le retour progressif dans les bureaux et les open spaces, le télétravail n’étant plus imposé.

La mesure et le partage des données pourraient-ils devenir un enjeu au moment où les salariés tombent le masque ? Certains acteurs du marché répondent par l’affirmative. L’un d’entre eux propose par exemple de croiser, grâce à des capteurs, les taux de CO2 et d’humidité avec la température pour une estimation plus fine du risque viral.

Avec l’apport complémentaire d’un purificateur d’air HEPA, lorsque la ventilation naturelle n’est pas suffisante, ou si celle-ci n’est pas possible (espaces clos, salles de classes dans les collèges et lycées comme le recommande le HSCP quant aux conditions de recours à des unités mobiles de filtration de l’air intérieur), relié à un système de supervision comme celui développé par NatéoSanté pour connecter des EOLIS Air Manager et les suivre à distance, on peut envisager à terme un dispositif global de monitoring de la QAI.

Le système de supervision développé par NatéoSanté permet de suivre à distance tous les purificateurs d'air connectés en réseau
Le système de supervision développé par NatéoSanté permet de suivre à distance tous les purificateurs d’air connectés en réseau

Cette transparence serait à la fois gage de performance et de rassurance. Pour travailler ou étudier l’esprit serein en respirant un air sain !

Les USA veulent assainir l’air des bâtiments

Le sujet de la QAI, d’envergure mondiale, se concrétise aussi aux Etats-Unis où l’administration de Joe Biden a décidé de s’attaquer au niveau fédéral à la qualité de l’air dans les lieux clos, mal ventilés. Le 18 mars dernier, le plan Clean Air in Buildings Challenge a été annoncé.

Il appelle « tous les propriétaires et exploitants de bâtiments, les écoles, les collèges, les lycées et les universités ainsi que les organismes de toutes sortes à adopter des stratégies clés pour améliorer la qualité de l’air intérieur dans leurs immeubles et réduire ainsi la propagation potentielle du Covid-19 ».

Il se décline en quatre points principaux :

  • Créer un plan d’actions pour évaluer cette QAI et planifier les mises à niveau
  • Optimiser la ventilation et le renouvellement de l’air frais
  • Optimiser la filtration en recourant si besoin à des appareils de type épurateur d’air intérieur
  • Sensibiliser l’ensemble des parties prenantes (secteur du BTP, occupants et utilisateurs des bâtiments)

Un rapport de l’Assemblée Nationale et du Sénat pour aller jusqu’à la prévention des épidémies saisonnières

En France, cette réflexion reste émergente. Dans un rapport, publié en décembre, sous le titre « QAI et coronavirus, quelles interactions ? », par l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Techniques et Scientifiques (Assemblée Nationale et Sénat), les rédacteurs notent que :

« En milieu clos, il est important de quantifier la part de contamination par aérosols car les dynamiques de propagation sont particulières. La transmission par aérosols peut être réduite par des mesures de renouvellement de l’air intérieur, comme peut l’être la concentration des polluants de l’air intérieur. C’est pourquoi l’aération régulière des pièces est un geste barrière qui permet d’éviter l’accumulation de particules fines et d’aérosols susceptibles de transporter le virus.

Même si le Haut Conseil de la Santé Publique recommande une aération de 5 minutes toutes les heures dans les établissements recevant du public (ERP), la durée et la fréquence dépendent du volume de la pièce, du nombre de personnes présentes, des activités effectuées ou encore de la ventilation déjà en place. Un bon indicateur du renouvellement de l’air dans une pièce est le niveau de dioxyde de carbone (CO2). »

Aérer en ouvrant les fenêtres est l'une des bonnes pratiques à suivre pour bénéficier d'une bonne qualité de l'air intérieur
Aérer en ouvrant les fenêtres est l’une des bonnes pratiques à suivre pour bénéficier d’une bonne qualité de l’air intérieur

Ils fixent une feuille de route sous forme de recommandations prônant notamment de « renforcer les politiques d’incitation au renouvellement de l’air dans les milieux clos, avec un accent particulier sur les ERP, en appuyant ces politiques par l’installation et l’usage généralisés de capteurs de CO2 performants qui permettent de disposer d’un indicateur efficace.

Cette mesure doit dépasser la lutte contre le Covid-19 et s’étendre à la prévention des épidémies saisonnières et respiratoires (grippe, bronchiolite) ». Et permettre de « définir un cadre juridique national pour l’installation et l’utilisation des purificateurs d’air dans les ERP, listant les technologies autorisées et les obligations d’entretien » en favorisant « les technologies utilisant des filtres HEPA 13 ou 14 ».

La question du climat au cœur des enjeux

Les effets du réchauffement climatique contribuent à la dégradation de la qualité de l'air extérieure
Les effets du réchauffement climatique contribuent à augmenter la qualité de l’air extérieure

Les conclusions du dernier rapport du GIEC sont sans appel. Les conséquences dans la durée des effets du réchauffement climatique sur les populations et les écosystèmes aboutissent tant à « la réduction de la disponibilité des ressources en eau et en nourriture » dans certaines régions du monde (Afrique, Asie, petites îles) qu’à « l’impact sur la santé » dont « la dégradation de la qualité de l’air ».

Une sortie de crise « climato-compatible » n’a pas été entendue par les économies de la planète. « L’année 2021 a vu un tel rebond des émissions de CO2 liées aux énergies fossiles que le creux de 2020 est déjà effacé. Plus 6% et un total de 36,3 milliards de tonnes envoyées vers l’atmosphère » rappelle le quotidien Le Monde (21/03/22), citant le rapport de l’agence internationale de l’énergie.

L’air extérieur est pollué. L’air intérieur l’est en moyenne huit fois plus. Nous passons environ 90 % de notre temps dans des espaces clos. Aérer et ventiler certes… mais en purifiant dès que nécessaire !

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